L’empreinte des mots
Le signe comme outil narratif
Anaëlle rigaux
Mon point de départ, c’est un mot : la créolisation. Ce terme, emprunté à l’écrivain Édouard Glissant, désigne l’idée qu’on peut créer du nouveau en mélangeant des cultures, des idées, des origines, sans que l’un prenne le dessus sur l’autre. C’est le contraire de l’uniformité : chacun garde sa voix, mais apprend à vivre en lien avec les autres, à travers la rencontre, l’échange et le respect. J’ai voulu traduire cette idée dans un cadre scolaire, car c’est dès l’enfance qu’on commence à apprendre qui on est, comment on se relie aux autres et comment on peut créer ensemble sans se ressembler.
C’est dans cette dynamique que je me suis tournée vers le signe, une forme d’expression qui dépasse la simple dimension esthétique, car il porte en lui des histoires, des proverbes, des légendes. On le retrouve à travers le monde, témoin des cultures, des territoires et des pratiques locales. J’y ai vu une opportunité pour les enfants de raconter et de construire ensemble en utilisant le jeu comme support collaboratif pour explorer ce qu’est un signe, ce qu’il révèle, et la manière dont chacun peut y projeter sa propre interprétation.
Mon projet s’articule autour de trois ateliers d’au moins une heure chacun.
Le premier est consacré à la découverte et à la création de signes, où les enfants expérimentent librement leurs propres formes.
Le deuxième atelier consiste à interpréter collectivement les signes inventés lors du premier atelier et à les associer aux quatre chapitres d’une histoire. Les enfants, répartis en groupes, rédigent ensuite leur chapitre en se basant sur le signe qui leur a été attribué. La mise en commun finale permet de reconstituer l’histoire complète.
Le troisième atelier donne une forme matérielle à ce récit sous la forme d’un objet textile, porteur des signes et de l’histoire collective, que les enfants pourront manipuler et explorer.