coiffées, les fibres brossières à l’honneur

arthur forestier

Vous êtes-vous déjà demandés combien vous aviez d’objets brosses dans vos intérieurs ? Personne ne le sait exactement en fin de compte. La majorité des gens disent en avoir une dizaine alors qu’en réalité, selon la Fédération Française de la brosserie nous en posséderions en moyenne près de quarante. En effet, bien qu’omniprésentes dans nos foyers, les brosses domestiques sont utilisées principalement à des fins hygiénique et intimiste. Autrement dit, elles sont dans nos foyers vouées à être salies ou cachées. Les fibres qui s’expriment au sein de ces objets ont pour la plupart un rôle ingrat qui est de capter les saletés pour ne pas qu’elles se répandent ailleurs. N’existent-ils alors pas d’autres horizons pour les fibres brossières ? Elles sont aussi d’une grande richesse de par leurs variétés, à la fois naturelles, synthétiques et métalliques, ce qui représente une grande diversité en termes de couleurs, textures, diamètres, propriétés… De plus, elles sont le reflet de savoir-faire artisanaux et industriels importants qui aujourd’hui font l’objet d’un patrimoine protégé par une fédération.

De par ce constat, mon souhait à travers ce projet a donc été de revaloriser ces matières et ces savoir-faire associés dans le contexte domestique en opérant des transferts technologiques, des transferts de compétences, afin de mettre en avant d’autres qualités, que celle de l’hygiène, que représentent ces matières fibreuses.

Au fil de ma recherche qui a débuté par des expérimentations autour de propriétés mécaniques et esthétiques des fibres brossières, j’en suis arrivé à la suite d’une immersion professionnelle au sein de la brosserie Brenet, à les considérer à plus grande échelle, telle une chevelure. Au sein de l’objet, ces fibres associées à l’image du cheveu prendront alors une place beaucoup plus importante dans la considération que nous en avons, les amenant à une connotation beaucoup plus intime. Mon travail s’est alors poursuivi en considérant ces fibres libérées de la brosse, libres, associées à l’image du cheveu.

Après des premières expérimentations qui étaient pour moi sans contexte véritablement défini, j’ai réfléchi à mêler ces aspects sensoriels, sensuels à un contexte, des usages et des fonctions plus précises.  J’ai alors imaginé différentes pistes mettant en avant la fibre au sein d’objets prenant comme référence le cheveu, la coiffure, en prenant en compte les codes que cela implique.

Ces quatre pistes présentent une réflexion sur l’évolution de la monture, sur la déconstruction de l’objet brosse qui dans un premier temps s’apparente à une monture tout à fait classique, pour l’amener petit à petit à se modifier, à disparaître pour devenir l’objet en lui-même, comme un cuir chevelu en somme. De plus, ma volonté était de traiter la fibre dans ses divers aspects et connotations qu’elle peut véhiculer en proposant une gradation dans ma recherche : de fibres dans un premier temps fonctionnelles utilisées pour leurs propriétés mécaniques de faisceaux, à totalement ornementales en marquant cette évolution de différentes propositions l’amenant à devenir à terme telle une chevelure.